mardi 1 mai 2012


PAPAS À VENDRE
Ce sont des hommes avec des spermatozoïdes de qualité. Quand la Suède et d’autres pays interdisent les donneurs anonymes, les femmes de partout dans le monde partent au Danemark. Voici la parole des pères d’exportation.
C’est la deuxième fois en cinq jours que Mads Christensen Voldum, 26 ans, visite la petite chambre de Cryos International, l’une de plus grandes banques de sperme au Danemark. Mads est l’un des 336 fournisseurs spécialement sélectionnés pour leur excellent « sperme de Viking »
Le fondateur de Cryos, Ole Schou, est très fier de son entreprise.
-Dans la situation actuelle nous exportons dans 60 pays, explique-t-il. Les tubes portent  chacun une petite plaque marqué: « Félicitations, c’est un Viking! » 
Chaque kit de sperme contient plus de mille petits nageurs d’une qualité supérieure et l’entreprise Cryo s’occupe de plus de centaines de tubes bien remplis, congelés jusqu’à moins 196 dégrées pour qu’ils soient stockés plusieurs centaines d’années sans dommage.
Ole Schou annonce que le Danemark est un leader sur le marché dans cette industrie lucrative.
L’étudiant Mads avait répondu à une annonce dans son université et il vend ses spermatozoïdes régulièrement depuis un an. Il dit que cela lui donne confiance en lui-même. 
 - «Je suis dans une bonne forme génétiquement et de nombreuse femmes veulent mes enfants», dit-il - Mads gagne environ 250DKK (environ 35 euros) par tube. Il pourrait bien être père d’enfants à travers toute l’Europe et il dit qu’il s’inquiète parfois pour ses enfants. Le premier donneur de spermatozoïdes est père de plus de cent enfants mais, selon les règlements du gouvernement danois, il n’y a qu’un nombre réduit de femmes par pays qui peuvent avoir le même donneur, pour éviter le fait que les demi-frères et soeurs puissent se rencontrer sans le savoir. Ce hyper-donneur ne connaît pas lui-même «sa récolte exceptionnelle» parce que les donneurs ne peuvent jamais connaître la personne qui reçoit leurs spermatozoïdes ni où leurs enfants sont nés.
Pourquoi est-ce si populaire de rechercher une insémination au Danemark?
En effet, le Danemark est l’un des rares pays à avoir conservé l’anonymat des donneurs. Dans d’autres pays, les enfants ont le droit après 18 ans de trouver leurs parents biologiques. Quand ce droit a été introduit en Suède en 2003, les donneurs sont passés de 200 à environ 30 et les listes d’attente pour l'insémination sont devenues très longues. Au Danemark les femmes lesbiennes qui vivent en concubinage ou qui sont pacsées ainsi que les femmes célibataires ont toutes le droit d’être inséminées.
À Cryos International, les femmes qui viennent à la clinique, peuvent trouver toute l’information sur leur futur donneurs. De leur couleur préférée aux résultats de leurs examens ou leur histoire médicale depuis trois générations. Il existe aussi des photos des donneurs lorsqu’ils étaient bébés pour que les femmes puissent avoir une idée de l’apparence de leur futur enfant. 
Comment motiver les donneurs?
L’argent est sûrement une grande motivation, mais quelques donneurs disent qu’ils font cette démarche par pur altruisme. L’académicien Lars Christensen, 31 ans, est célibataire et ses futures copines doivent comprendre son «travail».
«Il faut qu’elle accepte mon choix», dit Lars. «C’est un privilège d’être accepté. Nous sommes choisis parmi des milliers de candidats, beaucoup ne sont pas retenus.. Je suis un homme choisi entre un grand nombre. C’est flatteur».
- «Je n’ai pas besoin d’argent et un jour j’aimerais avoir mes propres enfants, mais aujourd’hui je suis content de seulement pouvoir aider les femmes qui souhaitent être enceintes», ajoute Lars avec une certaine fierté dans la voix.
À la clinique suédoise, Storkmamman, plus de 2000 bébés ont été produits depuis l’ouverture en 1999. Parmi d’autres Freddy, le fils de Julies, 38 ans. 
- «Je ne trouvais pas l’homme de ma vie, avec lequel je voulais avoir une famille et j’étais sur le point de rater le dernier train», explique Julie métaphoriquement. Julie a choisi comme donneur un homme grand, blond avec des yeux bleus, un étudiant ingénieur qui avait 20 ans. Six visites et sept mois plus tard elle est tombée enceinte. 
- «En utilisant les tests d’ovulation pour savoir à quel moment j’étais fertile, je me suis préparée pour mon insémination. Puis j’ai réservé des vols pas cher pour aller à Copenhague, souvent seulement pour une journée et je rentrais chez moi le soir, c’était très pratique, dit Julie et estime que le coût de son enfant est de moins de 5000 euros». Elles rajoute qu’elle pourrait facilement payer la même somme encore une fois. 
Mais le fait d’élever un enfant sans son père?
- «Ce n’était pas mon premier choix. Je pensais toujours que j’aurais trouvé l’homme de ma vie et que j’aurais eu un enfant par voie traditionnelle. Pourtant, de nombreux enfants vivent avec seulement un parent. De plus, comme mon donneur n’est pas anonyme, je donnerais la possibilité à mon fils de connaître son père».
L’insémination en Scandinavie
Le prix d’une insémination peut varier beaucoup entre les régions. Dans certaines municipalités les couples ne payent que là charge du patient alors que dans d’autres régions, notamment celles situées au Nord du pays, les patientes doivent payer eux-mêmes les frais - environ 800 euros par tentative. 
Les listes d’attente sont très longues, parfois jusqu’à un an. Pour les femmes célibataires, l’insémination n’est pas légale, ainsi la circulation des couples qui vont au Danemark pour son «spermattitude» est de plus en plus élevée. 1133 femmes suédoises ont visité «Storkkliniken» à Copenhague en 2007 et le chiffre des patientes est en constante augmentation. 
Storkkliniken calcule que les femmes entre 35-40 ans ont besoin d’environ 6-7 inséminations pour tomber enceintes. Une tentative coûte environ 500 euros avec un donneur anonyme ou 700 avec un donneur dont on connaît l’identité. Il est possible de réserver plusieurs tubes de sperme du même donneur pour avoir des frères et des soeurs biologiques. 
Les sondages montrent que les donneurs préférés sont ceux qui sont grands, blonds avec des yeux bleus et avec une formation supérieure. Sans aucune différence concernant leur origines, les femmes pensent en faisant leur choix de donneur, que l’apparence de l’homme est presque plus importante que l’histoire médicale. Une question pour l’avenir: serons-nous tous faits selon modèle «Viking»? Si nous avions la possibilité de choisir l’apparence de nos enfants, deviendrons-nous tous des clones les uns des autres?
Plus d’info sur:
dk.cryosinternational.com/home.aspx
europeanspermbank.com
storkklinik.dk.
procreationmedicale.fr

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