“J’ai mis face au chiffre énorme des
morts d’Hiroshima
l’histoire de la mort d’un seul amour
inventé par moi.ˮ
Marguerite Duras
A
la fois poème d'amour et de mort, évocation de la première bombe
atomique lancée sur la ville, Hiroshima
mon amour,
participe au devoir de mémoire du passé, même si cela peut
paraître dérisoire par rapport aux souffrances des blessés
d'Hiroshima.
Plus
de quarante ans après sa création, Hiroshima
mon amour
suscite toujours autant d’admiration et d’interrogations.Dès sa première projection publique au Festival de Cannes en 1959, ce film est présenté comme le fruit d’une étroite collaboration entre Alain Resnais et Marguerite Duras, à qui est confié le travail d’écriture du scénario et des dialogues.
La richesse de cette œuvre est résumée dans son titre : d'une part l'épouvante née de l'explosion nucléaire, de l'autre l'éternel retour de la passion.
L’histoire
d’Hiroshima
mon amour
se déroule en 1957 à Hiroshima, où une actrice française est
venue tourner un film sur la paix.
La
nuit précédant son départ, elle rencontre un architecte japonais
avec lequel elle a une aventure amoureuse.Cette brève liaison donne lieu à l’évocation très personnelle des circonstances historiques du bombardement atomique d’Hiroshima ainsi qu’à la remémoration de l’amour de jeunesse de la jeune femme.
Elle parle d’elle, petite fille de Nevers qui a aimé un jour un soldat allemand dans la France occupée.
Maîtresse d'un soldat allemand qui fut tué à la Libération, elle fut tondue par la foule et enfermée dans une cave par ses parents morts de honte.
Le réalisateur donne voix à un temps intérieur où se superposent passé, présent et futur.
La structure de l’œuvre contient en elle-même l’opposition d’une tragédie personnelle et d’une catastrophe historique.
Alain Resnais trace un parallèle entre l'horreur collective des victimes de la bombe atomique d'Hiroshima et le sort tragique, mais beaucoup plus individuel, d'un soldat allemand et d'une Française.
D’un
point de vue socio-historique, la création de l’œuvre prend
place à une époque d’après-guerre marquée par le souci, voire
la nécessité de réinvention des formes artistiques.
Hiroshima
mon amour
s’inscrit dans une dialectique de la mémoire et de l’oubli où
s’interrogent sur le devoir de mémoire et la fonction de l’oubli.Le film se caractérise par l'interpénétration de l'amour et de la mort, avec en filigrane le poids du souvenir.
C'est comme si toute la souffrance du monde se trouvait confrontée à l'éphémère du sentiment, et au traumatisme de la mémoire: mémoire individuelle et mémoire collective, indiscutablement liées.
Le film anticipe les débats d'aujourd'hui
sur la représentation de l'irreprésentable.
La
représentation des crimes
de guerre et des crimes contre l'humanité restent toujours des
sujets difficiles à montrer.En dépit de ce fait, il y a toujours quelqu’un prêt à montrer l’irreprésentable comme l’a fait Angelina Jolie, par exemple, dans son premier film en tant que réalisatrice “Le pays du sang et du mielˮ où elle s’engage à montrer la guerre de Bosnie marquée par une évidente passivité de la communauté internationale lors du conflit.
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