dimanche 15 avril 2012

Critique du théâtre l’École des femmes mise en scène par Jean Liermier


Si le théâtre occupe une place particulière dans la littérature,il est à la fois texte et représentation. Il s’agit d’un traitement qui transforme l’écrit à un spectacle devant un public. En s’appuyant sur le même texte, on peut y avoir plusieurs représentations selon les différents points de vue des metteurs en scène .

La pièce de théâtre intitulée "l'École des femmes" est écrite par Molière en 1662. Mon expérience d’observer la mise en scène de cette pièce en Janvier 2012 par la troupe de Monsieur Jean Liermier au Théâtre 71 me permet de relier le texte avec sa représentation sur scène.


La première remarque s'impose sur l’espace et le décor scénique. En effet, l’espace sur la scène n'est seulement  un lieu physique où les acteurs jouent la scène, mais aussi un espace déterminé par des conventions morales établies entre le metteur en scène et les spectateurs : la lumière bleue sur un fond sombre de la scène renvoit une ambiance un peu triste, mais la lumière claire sur Agnès fait ressortir sa naïveté ; au milieu de la scène,une petite chambre reposée sur un l’arbre représente l’endroit où Agnès est séquestrée et gardée par des domestiques dès sa jeunesse. On dirait qu’elle est physiquement est moralement enfermée dans une prison en l’air. Néanmoins,cette prison est demi- ouverte :descendre par la grande échelle à côté devient le seul moyen pour s’en sortir. Par ailleurs, les rideau joue un rôle important sur la scène, il s’ouvre, se ferme, monte et redescend pendant les découpages de la pièce, en fonction du besoin de la situation.

Au niveau du costume des comédiens,sa fonction n’est pas purement esthétique, mais comme des objets de signe. En premier lieu, on peut noter que les costumes d'Arnolphe et de ses domestiques correspondent aux références historiques au 17e siècle de la France. Par contre, Agnès et Horace s’habillent en style plutôt contemporain. D’après moi, cet écart en costumes renvoie l’idée qu'Agnès et Horace, comme porteurs de la nouvelle pensée, s’opposent au monde réel de l’époque. Également,le choix de costume s’attache étroitement aux caractéristiques et le statut social du personnage. La robe blanche et le pull rouge d’Agnès correspondent parfaitement à sa pureté en morale et son désir pour l'amour,tandis que ses cheveux blonds renforcent sa personnalité qui est naïve mais "stupide". Arnolphe, en costume noir bien taillé, déguise comme un gentilhomme bourgeois,mais ses cheveux blancs rendent évidence de son âge et son angoisse.

Le dernier aspect concerne le jeu d’acteurs, constitué par la prise de parole et les mouvements corporaux. Avant tout, c’est au niveau de la prise de parole que j’ai senti plus fortement la spécificité du théâtre. Les échanges verbaux entre les personnages sont essentiellement sous forme de la réplique. Pas comme les dialogues quotidiens qu’on peut entendre partout dans la vie, la réplique théâtrale a deux caractéristiques : d’une part, ayant un rythme dynamique, la réplique sert à l’évolution du dialogue ou de l’action du personnage. Par exemple, entre Arnolphe et Agnès,la question et la réponse se succèdent une après une autre, avec une voix plus en plus rapide et élevée. Également, Arnolphe utilise des discours de la terreur pour frapper l'imagination d'Agnès, en employant des longues répliques sans interruption. D’autre part, ayant une valeur esthétique, les répliques entre personnages sont complétées par des effets d’échos ou de symétrie. Par exemple, des reprises du mot et des phrases consonantes en rime sont souvent entendues.

En outre, les mouvements corporaux des acteurs permettent des effets ironiques. Par exemple, lorsque Arnolphe fait Agnès lire les maximes du mariage, ce barbon mène son autorité en multipliant des gestes impératifs à la main. Il s’assit sur une chaise, écoute à Agnès avec un sourire formidable et des yeux  fermés, comme un éducateur qui est en train d’évaluer les connaissances de son élève. Quant à Agnès,au debout, elle lit les maximes avec la tête inclinée sur le côté, comme une apprenante sage, mais distraite. En effet,on peut noter que les comportements d’Agnès restent toujours dans la bêtise et l'ignorance :elle courir autour de la scène comme un sauvage, gratte sa jambe comme un enfant, et même enlève sa robe pour essuyer le visage... Tout cela, figure l’image d’une ingénue qui n'a aucune expérience sociale en dehors de la maison. D’ailleurs,il faut souligner que l’essentielle des actions entre Agnès et Horace ne sont pas directement représentées sur la scène. Dans leur amour, il y des rendez-vous secrets, des lettres d’amour, des amants qui grimpent aux échelles,mais toutes les actions se passent hors scène, et racontées par les acteurs.

À la fin de la pièce, la lettre d’amour implicite un Happy Ending pour les jeunes amants. Néanmoins, le sujet de « L’École des femmes » reste toujours dans les enjeux entre les générations, entre les sexes, entre les classes sociales. À travers le texte et la mise en scène, on voit bien qu'à l’époque,il n'existe aucune égalité entre et les hommes et les femmes. Tout le pouvoir est donné à Arnolphe pour annoncer le destin d’Agnès: une jeune fille qui est ignorées par la société et considérée comme un bien de l'homme. Elle n'a pas le droit d'avoir ni envies ni ambitions, ni volontés. C'est la raison pour laquelle, Molière voulait dénoncer cette inégalité qui est injuste et intolérable.

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